Skip to main content

 

ASSISES DE L’ECONOMIE DE LA MER 2024

BORDEAUX-PALAIS DES CONGRES

19-20 novembre

Thématique de cette année : les transitions

En préambule, l’événement de cette année a une saveur particulière pour les professionnels des secteurs maritimes. De part le contexte géopolitique international avec les guerres en Ukraine et en Moyen-Orient, les tensions dans l’axe Indo-Pacifique et les élections américaines, le secteur maritime européen et français a besoin d’une stabilité afin de poursuivre ses engagements et investissements dans les transitions énergétiques nécessaires pour accomplir les objectifs de l’OMI, de L’Europe et de la convention climat de la COP 21 à Paris sur le réchauffement climatique.

Cette stabilité entre également en résonnance dans le contexte national avec la mise en place d’un nouveau gouvernement, d’un nouveau ministre délégué à la mer et à la pêche, d’un déficit budgétaire de plus de 6 % et d’une nécessité d’accompagner de manière solidaire l’équilibre des finances de la part des grandes entreprises et notamment de CMA-CGM (seul acteur du maritime concerné) avec 500 m€ de contribution sur l’année 2024 et 300m€ sur l’année 2025.

Ce contexte et cette situation exceptionnelle impactera-elle les engagements pris par l’Etat et les acteurs privés dans les ambitions portées sur les transitions ?

Pour entamer ces Assises, il est nécessaire de comprendre le rôle majeur de notre Océan, premier acteur dans la résilience à apporter pour limiter notre réchauffement climatique actuel à 1,5°c. Le biologiste et élu régional, Gilles Bœuf, a rappelé des notions essentielles à chacun, sur les conditions particulières de notre Océan. En trois mots :  stabilité, salinité, continuité. Continuité, car les Océans décrits dans la nomenclature géographique n’en sont qu’un. Les courants, le vivant, les éléments chimiques s’interconnectent dans un milieu commun. Salinité car la composition particulière de notre océan n’est qu’un reflet de notre propre constitution. Et enfin stabilité, car l’Océan capte 93% de l’excédent de CO2 et produit 50% de l’oxygène grâce à sa biodiversité, son vivant. Il faut le préserver, l’étudier et l’exploiter de manière durable. En résumé, la vie est apparue dans l’Océan dont nous sommes dépendants.

La table ronde suivante a porté son sujet sur la question des Ambitions sur le zéro émission net carbone en 2050. La première intervention est revenue du secrétaire général de l’OMI réindiquant l’engagement pris par l’organisation pour atteindre les objectifs en 2050 et le soutien apporté aux armateurs.

Parmi les Intervenants de cette table ronde en présence des Assises : Edouard Louis-Dreyfus (Armateurs de France), Nathalie Mercier-Perrin (Cluster Maritime Français), Jules Nyssen (Syndicat des énergies renouvelables), Antoine Pellion (SG planification écologique), Pierre Éric Pommeret (GICAN)

Après un rappel des enjeux et de la planification nécessaire pour aboutir à cette ambition, il apparait qu’une trajectoire à court terme est d’ores-et-déjà bien définie et qu’une à long terme pose des interrogations. La vision à court terme est celle de 2030 qui posera les jalons de l’étape de 2050. L’utilisation des carburants alternatifs semble être une piste indispensable. Dans un premier temps, la production de carburants issus de l’agriculture et issus de 2nde génération (déchets, végétaux, déchets industriels) sont disponible en attendant la réindustrialisation européenne et française pour la production de carburant de synthèse avec la synthèse d’hydrogène vert et la captation de CO². Cet enjeu de réindustrialisation doit se faire dans un pas de temps relativement court. La production est progressive à partir de 2030 et est l’étape essentielle qui s’engage pour atteindre les objectifs de 2050 avec son lot d’investissements et de politiques engagées pour les atteindre.

Ainsi, on peut résumer le modèle à la française par le modèle des 3E : économie des énergies, efficacité énergétique et nouvelles énergies (dont le nucléaire).

La France est en avance sur les objectifs de 2030 (40% de réductions des émissions CO² par rapport à 2008) il faut continuer à soutenir cet objectif malgré les incertitudes d’accompagnements financier et de stabilité politique actuel.

La nécessité d’une visibilité pour la planification jusqu’à 2030 est rappelée car il s’agit d’une étape primordiale pour atteindre les objectifs 2050. Même si actuellement après 2030 certaines interrogations sont encore en suspens pour la décarbonation net.

Nathalie Mercier Perrin énonce également que la décarbonation est un enjeu de compétitivité. Plusieurs secteurs comme le transport maritime et les ports maritimes dans leur capacité de distribution ou fabrication de nouveaux carburants ont besoin de se projeter sur les carburants de synthèse. La disponibilité du carburant pour tous est donc un enjeu primordial (compétition avec l’aérien par exemple).

A ce stade, Antoine Pellion indique que l’industrialisation pour 2030 est ambitieuse mais réalisable. La problématique reste la dépendance énergétique liée à l’importation des carburants alternatifs (avec les ressources du territoire il n’est pas envisageable d’être autonome).

Le Gican (Pierre Éric Pommeret) indique que les technologies sont à sortir aujourd’hui et pour toutes les filières. Les problématiques de l’aérien et du maritime sont les mêmes.

Les armateurs de France alertent sur la nécessité d’accompagner la fiscalité dans le domaine. A cela s’ajoute la problématique actuelle des recherches d’économies du gouvernement (sollicitation des entreprises, recherche de ressources financières avec la Taxe carbone et le fléchage des ETS[1] ainsi que la remise en cause des exonérations des charges patronales pour le secteur maritime). Les armateurs considèrent que la part des ETS doivent revenir au projet de décarbonation du maritime.

L’Europe doit investir 800 milliards d’euros pour tenir son rang malgré le contexte international et construire une autonomie énergétique stratégique (L’Europe ne possède pas de carbone fossiles). L’Accompagnement de l’Etat est nécessaire pour le changement à venir avec des montants considérables.

Mais la conclusion de cette table ronde revenant à l’Etat, son représentant souligne dans une dernière interrogation dans l’avenir, que ce dernier ne pourra pas être le seul acteur à financer la décarbonation.

 

La table ronde suivant a porté sur la transition énergétique des ports et des zones industrialo-portuaires.

Avec comme intervenants, Christophe AVELLAN, (directeur du Pôle Mer Méditerranée), Jean-Pierre CHALUS  (président de l’Union des Ports de France), de Rodolphe GINTZ (directeur général des infrastructures, des transports et des mobilités, DGITM), Louis JONQUIÈRE (président de l’Union nationale des Industries de la Manutention dans les ports français), Jean-Frédéric LAURENT (président du directoire, Grand Port Maritime de Bordeaux) et Claire MERLIN (directrice générale du Port Autonome de Strasbourg).

Les grands ports maritimes sont en pleine transformation comme il y a une cinquantaine d’année avec l’arrivée de la pétrochimie. Aujourd’hui la transformation industrielle se base notamment par la captation de CO² et la fabrication d’hydrogène vert avec également des investissements pour des ports plus propre, plus vert (panneaux solaire, électrification des quais, transformation des outils opérationnels …)

Tous les ports sont mobilisés et diversifiés (écologie industrielle et environnementale). Tous les métiers cherchent des solutions (renouvellement des outils décarbonés, nouvelles procédures, investissement fort).

[Note personnelle : les discours sur la décarbonation manquent de chiffres concrets, les indicateurs ne sont pas précisés].

Pour les ports, Il y a plusieurs niveaux sur les enjeux et les progressions :

  • Le premier niveau concerne directement l’infrastructure portuaire et les outils de manutention. Ces usages seront plus faciles à décarboner.
  • Le deuxième niveau concerne l’utilisation du port et son changement d’opérabilité sur le modèle de pluri modalité des transports [entre le maritime et le ferroviaire par exemple] rôle de pivot pour les ports.
  • Le troisième niveau concerne la transformation du tissu industriel plus conséquent pour parvenir à la décarbonation.

Il faut reconsidérer l’intégration des ports dans un écosystème global et de développement d’économie circulaire [comme le port de Strasbourg qui avec des installations thermiques permet également de chauffer des bâtiments publics].

L’Intervention de Rodolphe SAADÉ, président-directeur général, Groupe CMA CGM a suivi. Après avoir énumérer la politique globale de la compagnie maritime dans un contexte de fortes compétitivités, d’enjeux de solidarité et de contribution exceptionnelle parce qu’en tant qu’industriel et fer de lance français [taxe sur les profits exceptionnels], il est tout à fait acceptable de contribuer à la solidarité nationale, Rodolphe Saadé a annoncé la suspension du fond PULSE (1,5 Ma€) tout en maintenant son fonds BPI sur les 20 millions d’euros pour la décarbonation de la pêche.

Le ministre délégué de la pêche et de la mer a ensuite pris la parole. Après avoir énoncé une nouvelle fois, les difficultés à laquelle se trouve l’économie bleue, quelques pistes ont été dévoilées avec notamment une affirmation qu’une partie des quotas d’émissions carbone sera dédiée à la décarbonation maritime. Un Appel à Manifestation d’Intérêt de plusieurs de dizaine de millions d’euros sera émis via le CORIMER. Une suite du Fonds D’Intervention Maritime est également prévue.

Enfin l’Annonce de l’année de la mer a été dévoilée pour le premier janvier 2025 jusqu’au 31 décembre 2025. Tous les évènements et manifestations pourront être éligible au label de « La Mer en Commun ».

 

 

[1] Le marché carbone, également appelés systèmes d’échange de quotas d’émissions (SEQE) ou Emissions Trading Schemes (ETS en anglais), sont des outils réglementaires visant à atteindre des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) déterminés politiquement.